Coupe du Monde : Retour sur quelques anecdotes en finale

Des joueurs ont uriné sur des journaux avant une finale.

Un joueur a joué les 20 dernières minutes d’une finale en pleurant comme une madeleine.

Un autre a continué à jouer avec une épaule déboitée ?

 

 

Uruguay 1930 : Une histoire de ballon 

 

 

Comme convenu avant le début de la compétition, l’Argentine et l’Uruguay disposent de leurs propres ballons. Mais la qualification de ces deux ténors du football sud-américain pour la finale a rencontré au jour de fortes tensions.

 

« L’incroyable haine entre les deux pays a éclaté au grand jour lorsqu’il s’est agi de choisir le ballon de la finale », raconte l’arbitre belge John Langenus, vêtu pour l’occasion d’une chemise, d’une cravate, un blazer et une culotte de golf. « Chacune exigeait de jouer avec son propre ballon. »

 

Le Président de la FIFA Jules Rimet est contraint d’intervenir. Pour satisfaire tout le monde, il propose de changer de balle à la mi-temps. Visiblement, la question avait son importance. Les Argentins, avec « leur » ballon acheté en Écosse, mènent 2-1 à la pause. Les Uruguayens, qui se sont fournis en Angleterre, inversent la tendance en seconde période. Hector Castro, surnommé El Manco (« le Manchot ») après un accident avec une scie électrique, scelle la victoire de la Céleste (4-2).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1950 : Des joueurs ont uriné sur des journaux avant la finale

 

 

 

 

Le jour de l’ultime rencontre programmée dans le stade spécialement intégré en vue du sacre de la Seleção, le quotidien O Mundo affiche fièrement la photo des joueurs du Brésil, accompagnée de cette manchette : Et voici vos nouveaux champions du monde ! Obdulio Varela, l’irascible capitaine uruguayen, est furieux. Il achète une vingtaine d’exemplaires, qu’il éparpille sur le sol des toilettes de l’hôtel de sa sélection. Il est inscrit ensuite sur les murs, à la craie : « Merci de piétiner et d’uriner sur ces journaux ». Il va ensuite trouver ses coéquipiers pour leur demander de se rendre aux toilettes et de suivre les instructions.

 

L’optimisme des médias brésiliens s’explique par le fait que la sélection n’a besoin que d’un nul pour s’adjuger le titre suprême. Les hôtes pensent avoir fait le plus difficile en ouvrant le score, mais les Uruguayens, entraînés par leur bouillant capitaine, renversent la vapeur et s’imposent 2-1. Ce jour-là, les toilettes de l’hôtel sont le tombeau des journaux et des rêves brésiliens.

 

Invité à se faire discret, Varela décide pourtant de se rendre dans un bar après la finale. « J’ai commandé à boire, en espérant que personne ne me reconnaîtrait », raconte-t-il. « Je me disais que si les clients savaient qui j’étais, mon compte était bon. Et pourtant, à ma grande surprise, ils m’ont félicité, malgré leur tristesse. Nous avons même bu ensemble. »

 

 

1970 : un joueur souffrait d’un décollement de la rétine

 

 

Pendant 20 minutes, Tostão joue contre l’Italie sans pouvoir cesser de pleurer. À l’approche de la compétition, l’élégant meneur de jeu reconverti au poste d’avant-centre souffre d’un décollement de la rétine. Les médecins sont formels : sa carrière est terminée. Effectivement, le Brésilien raccroche les crampons à l’âge de 26 ans. Mais avant de quitter les terrains pour toujours, il remporte un ultime combat à l’Azteca, grâce à une opération d’urgence à Houston (Texas) et aux bons conseils de Pelé, qui finit par convaincre Mario Zagallo de le convoquer.

 

« Quand nous avons mis le troisième but, j’ai su que l’Italie ne reviendrait pas et je me suis laissé submerger par l’émotion », raconte Tostão, interrogé par FIFA+. « J’ai commencé à pleurer et je ne pouvais plus m’arrêter. Je pensais à tout ce que j’avais dû surmonter pour être là et combien j’étais passé près de tout rater. »

 

« J’ai fait des milliers de kilomètres pour me faire opérer. Les médecins auraient pu m’interdire de jouer, le sélectionneur aurait pu se passer de moi.

 

Le retour à la compétition a été très compliqué. Quand je me suis rendu compte que nous étions généralement champions du monde, je n’ai pas pu retenir mes larmes. »

 

Il quitte le terrain en caleçon (« Même ça, on a essayé de me l’arracher »), mais avec une médaille de champion du monde autour du cou. Il fera don par la suite de cette récompense à l’ophtalmologiste en charge de l’opération.

 

 

 

1986 : José Luis Brown se déboite l’épaule juste avant la mi-temps 

 

 

 

José Luis Brown, qui a bousculé Diego Maradona pour ouvrir le score de la tête contre la RFA, se déboite l’épaule juste avant la mi-temps. On se dit alors que le match est fini pour lui. Erreur.

 

« La douleur était inimaginable », se souvient de celui que l’on surnomme El Tata. « Mais j’ai dit au médecin qu’il n’était pas question que je sorte. J’ai déchiré mon maillot et j’ai passé ma main dedans pour en faire une écharpe de fortune. »

 

En tout, Brown passe seulement 28 secondes en dehors du terrain. Il dispute l’intégralité du reste de la rencontre, remportée 3-2 par l’Argentine.

 

 

 

1990 : Brehme, le seul joueur à avoir marqué des deux pieds sur penalty en Coupe du Monde

 

 

 

En quart de finale, Lothar Matthäus signe l’unique but de la victoire allemande sur la Tchécoslovaquie.

 

« J’avais abîmé la semelle de ma chaussure en première mi-temps », explique Matthäus. « Je n’en avais pas d’autres avec moi et j’ai donc dû me contenter de celles que m’a proposé le responsable de l’équipement. Malheureusement, elles ne m’allaient pas très bien et, en plus, je n’aimais pas les chaussures neuves. »

 

« Quand l’arbitre a indiqué le point de pénalité, j’ai dit à Andi de se préparer. Nous avions d’autres solutions. Il y avait beaucoup d’excellents tireurs dans cette équipe, mais nous partagions la même chambre avec Andi et je savais que c’était l’homme de la situation. »

 

Brehme, qui avait converti un tir au but du pied gauche contre le Mexique en quart de finale de l’édition 1986, frappe cette fois du pied droit et offre la victoire à la RFA. Il reste à ce jour le seul joueur à avoir marqué des deux pieds sur penalty en Coupe du Monde.

 

Quelques jours auparavant, contre la Yougoslavie, Matthäus était devenu le premier joueur à marquer des deux pieds depuis l’extérieur de la surface de réparation en Coupe du Monde.

 

 

 

Taffarel : Fier d’avoir gagné la Coupe du Monde pour Senna

 

 

 

 

Au moment de débarquer aux États-Unis, le Brésil n’a plus gagné la Coupe du Monde depuis 24 ans. La pression qui pèse sur l’équipe est énorme. Les joueurs prient et se fument par la main, lorsque le défenseur Ricardo Rocha tente de remotiver tout le monde.

 

« On s’est battu pour en arriver là. Maintenant, il faut faire comme ces soldats japonais, les kawasaki », lance-t-il à la cantonade. Sous le coup de l’émotion, l’ancienne Madrilène confond les kamikazes, les célèbres pilotes de la Seconde Guerre mondiale, et un constructeur de motos !

 

« On était morts de rire », confie Taffarel. « D’un seul coup, nous avions complètement oublié la pression. Nous étions parfaitement détendus. » Quelques minutes plus tard, le Brésil s’impose aux tirs au mais face à l’Italie.