Reportage | La réserve communautaire de Joal-Fadiouth : une mobilisation verte contre l’érosion côtière
Dans le sud-est du Sénégal, à l’extrémité de la Petite-Côte, la commune de Joal-Fadiouth s’impose comme un bastion écologique dans la lutte contre l’avancée des eaux de l’océan Atlantique. Autrefois florissantes, les communautés côtières du Sénégal subissent aujourd’hui la montée implacable des eaux, qui menace leurs habitats et leurs moyens de subsistance. Face à cette urgence, la réserve communautaire de Joal-Fadiouth se veut une réponse durable pour restaurer et préserver un écosystème en péril.
De Ziguinchor à Saint-Louis, la mer avance inexorablement, laissant derrière elle des vies dévastées et des habitations englouties. Pour y faire face, l’État, avec l’appui de partenaires tels que le groupe Sonatel, multiplie les initiatives de restauration environnementale. Le reboisement des mangroves, vital pour la protection côtière, fait partie de ces efforts.
Une expérience écologique et humaine
Le week-end dernier, six bus affrétés par Senecartour ont transporté des volontaires de Dakar à Joal-Fadiouth pour une campagne de reboisement en partenariat avec l’ONG Nébéday Sénégal. Dans les bus, l’ambiance était festive grâce aux « Bogomans », des artistes locaux, qui chantaient avec les passagers, rappelant l’importance de la culture et de la solidarité dans ce type de projet. Pour de nombreux participants, c’était une première immersion dans la nature, loin de l’agitation de la ville.
Un des visiteurs a exprimé son enthousiasme : « En dehors de la connexion avec la nature, qui est une grande découverte pour moi, l’aspect humain aussi était hyper important. Des gens qui ne se connaissaient que derrière les écrans ont pu mettre des visages sur les noms. Merci Tonton Abdou pour cette expérience humaine et environnementale. »
L’engagement pour un objectif ambitieux
L’objectif de cette année était de planter 1,5 million de palétuviers pour restaurer l’une des zones les plus sensibles de la réserve du Delta du Saloum, classée comme zone humide d’importance internationale par l’UNESCO. Cette initiative vise non seulement à contrer l’érosion côtière, mais aussi à rétablir l’équilibre écologique de ce site unique.
La traversée vers le reboisement
La nature à Joal-Fadiouth déploie une beauté brute et apaisante, marquée par des paysages divers et contrastés. Le site de reboisement est traversé par un bras de mer peu profond, où l’eau limpide serpente au milieu d’une végétation luxuriante. De part et d’autre de ce cours d’eau, les mangroves, d’un vert profond et dense, forment une barrière naturelle contre l’érosion, mais aussi un refuge pour de nombreuses espèces.
Une longue file de volontaires, habillés majoritairement en blanc, s’étend de la rive gauche à la rive droite. Leur silhouette se détache sur le bleu calme de l’eau, créant un contraste saisissant avec la végétation verte qui encadre le site. Ces hommes et femmes avancent prudemment, pieds nus dans l’eau, unissant leurs efforts dans une même direction pour reboiser et restaurer ce milieu naturel. Au loin, quelques pirogues sont amarrées le long de la rive, témoignant de la présence de pêcheurs qui utilisent ces embarcations pour naviguer dans ces zones aquatiques et contribuer à la vie de la communauté.
Le paysage autour du bras de mer s’ouvre sur une vaste étendue de mangroves, entrelacées et solides, dont les racines s’enfoncent profondément dans le sol boueux. Cette végétation unique, qui s’épanouit dans un écosystème à la fois terrestre et aquatique, offre un rempart naturel face à l’océan, tout en préservant une riche biodiversité. Au-dessus de cette scène, un ciel clair et dégagé s’étire à perte de vue, ajoutant une impression de sérénité et de vastitude.
Les participants, déterminés, avancent dans cet environnement enchanteur et préservé. Abdou Touré, activiste écologique, marche pieds nus dans la boue, portant un seau recouvert de terre. Son allure décontractée, avec son t-shirt blanc portant les logos des sponsors, témoigne de son engagement et de sa connexion à la terre. Il guide un groupe de volontaires, eux aussi habillés de manière simple, équipés pour cette tâche d’ampleur, chacun contribuant à leur manière à ce projet écologique.
L’endroit, inscrit comme zone humide d’importance internationale, révèle toute la richesse naturelle de la réserve communautaire de Joal-Fadiouth. Entre les eaux tranquilles du bras de mer, la végétation luxuriante des mangroves, et l’effervescence des volontaires, la scène incarne un mariage harmonieux entre l’homme et la nature, dans une quête collective pour restaurer et protéger cette précieuse réserve naturelle.
Reboisement et résilience
Abdou Touré, formateur et activiste écologique, était en tête de cette opération. Pieds nus dans la boue, un seau en main, il symbolisait l’engagement et la résilience des volontaires. « Planter un arbre, l’entretenir jusqu’à l’obtention des fruits est un bon exercice de patience et de résilience. Plantons des arbres ! », a-t-il affirmé.
Derrière lui, d’autres participants le suivaient, prêts à s’investir pour la cause environnementale. En arrière-plan, la végétation dense de la mangrove soulignait l’importance de ces efforts pour préserver cet écosystème fragile.
Cette journée de reboisement à Joal-Fadiouth incarne une mobilisation essentielle pour l’avenir des côtes sénégalaises. Face à la montée des eaux et aux effets du changement climatique, ce type d’initiative représente une voie vers la durabilité pour les générations futures. En plantant des mangroves, les volontaires ne se contentent pas de protéger les côtes ; ils offrent aussi un espoir de renaissance à ces communautés qui dépendent de la terre et de la mer.
