Vaccins anti Covid-19 : «Il n y a aucun intérêt, pour un gouvernement, d’empoisonner son peuple», selon Théodore Chérif Monteil

Le Sénégal a reçu ses premières doses du vaccin conçut par le laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm. La campagne de vaccination vient de débuter et les autorités sanitaires veulent cibler en priorité le personnel soignant, les personnes âgées de plus de 60 ans ainsi que les personnes vivant avec une comorbidité.

«Le Sénégal a choisi d’entamer sa campagne avec le vaccin chinois. Je pense qu’on a fait dans la mesure de nos moyens. Mais cela correspond aussi à un vaccin classique, connu, qu’on pourra expliquer aux populations. Le Sénégal n’a pas réinventé la roue», a précisé le député Théodore Chérif Monteil.

Cependant, le député, vice-président de la commission chargée des données personnelles relève deux failles. «La première chose est qu’on n’a pas fait assez de prospective. Le Sénégal aurait pu commander le vaccin un peu plus tôt. On a mobilisé mille milliards de francs CFA. On aurait pu faire comme les autres pays. C’est-à-dire participer à la recherche, mettre de l’argent, faire du déposit et attendre d’être livré. La deuxième est qu’on a mis deux mois pour attendre le vaccin et on n’a pas communiqué. On n’a pas sensibilisé les gens. On n’a pas expliqué qu’il n’y a aucun intérêt, pour un gouvernement, d’empoisonner son peuple».

Selon le député, les autorités ont échoué dans leur stratégie, notamment entre la commande et aujourd’hui. «Ce sont des couacs. Je pense qu’assez rapidement, les autorités en charge de la campagne de vaccination vont se reprendre pour pouvoir combler le gap. Mais le déficit communicationnel est déjà là. Aujourd’hui, il faut confier cette communication aux communicateurs, aux ‘’Badianou Gox’’, aux imams, aux notables dans les quartiers. Ce sont eux que les gens écoutent», a souligné le parlementaire lors de son passage dans l’émission «Jury du dimanche» sur iRadio.

Changement de stratégie de communication

Alors que la population se méfie de plus en plus du vaccin, M. Monteil estime avoir la solution pour palier à ce problème. «L’autorité étatique est trop loin. Les gens ont des références qui sont proches d’eux. Donc, c’est avec eux qu’il faut partager la bonne information et ils serviront de relais, les médias de masse.»

Théodore Chérif Monteil d’ajouter : «La maladie a surpris tout le monde et pendant le premier semestre, les gens ont engrangé des centaines de milliers de données pour analyser et comprendre. Donc, chaque fois qu’on engrange des données, c’est pour aller de l’avant. Nous, on a péché sur ça. On ne fait pas assez de prospective dans notre pays. On n’anticipe pas.»

« Donner l’exemple, en rassurant les populations »

Par ailleurs, le député estime que la meilleure façon de convaincre la population à se faire vacciner serait de montrer l’exemple, en injectant les premières doses au chef de l’État, aux ministres, aux chefs religieux et au professeur Moussa Seydi. Selon lui, « il y a des gens qui, dès qu’ils vont se vacciner, montreront à tout le monde qu’il n’y a aucun danger à se faire vacciner. Il faut donner l’exemple, en rassurant les populations ».

De plus, le député pense que « le seul moyen de garantir la transparence, c’est de laisser le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) faire son travail.» Puisque, d’après lui, « on a les outils qu’il faut pour faire les bons choix. Mais il est important que l’Etat fasse comprendre aux populations que la vaccination n’arrête pas le comportement responsable et citoyen qu’on doit avoir, pour éviter la contamination ».