OPINION : Lettre ouverte au PRÉSIDENT Ousmane Sonko

Monsieur Le Président,
La philosophie de Benjamin Constant nous a appris que « La douleur réveille en nous, tantôt ce qu’il y a de plus noble dans notre nature : le courage, tantôt ce qu’il y a de plus tendre : la sympathie et la pitié. Elle nous apprend à lutter pour nous et pour les autres. » Cette maxime nous suffit pour vous dire que la vie est une suite de changements. Ceux qui ont une pensée rigide et inflexible ont tendance à craquer quand souffle un vent nouveau. Ceux qui plient sous le vent comme le hroseau, s’adaptent aux changements.

Depuis le 2 février, une jeunesse qui se réclame patriotique a oublié toutes ses craintes, elle a séché ses enseignements, elle a déprogrammé tous ses rendez-vous. Elle s’est dite prête à réagir pour corriger les erreurs de ses ancêtres. Éprise de justice, se remémorant des cabales juridico-politiques dont ont été victimes les premiers défenseurs de la démocratie et du nationalisme au Sénégal, elle a rompu avec l’appel tendanciel ayant causé depuis les premiers balbutiements de l’apogée politique de son pays que mépris et humiliations. Cette jeunesse ne voulait pas que sa responsabilité soit anéantie au néant, elle ne voulait pas qu’une quelconque inertie de sa part enfante des dommages collatéraux que les futures générations hériteraient. Cette jeunesse a tout simplement défié la désescalade pour construire un mur de soutien intellectuel, moral et patriotique, gage d’un engagement sans faille et d’une maturité urbi et orbi reconnue.

Lorsque la puissance médiumnique a laissé couler l’encre qui à jamais ne redeviendra indélébile, la jeunesse sénégalaise a été muette, sourde et aveugle. Elle n’a pas voulu être scénariste ou actrice, elle a tout simplement déjoué les attentes du public pour dire que ce film est insensé car ne remplissant que d’épisodes antisociaux et amoraux. Cette jeunesse a pleuré dans sa chambre, s’est réveillée tard dans la nuit pour revoir l’historicité de son pays, elle a pris stylos et agendas pour noter les carcans belliqueux et batailleurs qui ont voulu dévaloriser un homme jusqu’ici jugé intouchable, d’ailleurs il restera intouchable. Les parias sociaux ne peuvent rien contre une personne que la justice jugerait injugeable car n’ayant rien fait de mauvais. Il fait partie des prédispositions génétiques humaines de commettre une erreur au cas non échéant la définition de l’humaine condition changerait.

C’est cette notion d’erreur qui essentialise cette présente. La seule erreur que vous avez commise très cher PRÉSIDENT, c’est d’avoir assimilé votre modestie à celle de nous autres Sénégalais. Votre humanité ne fait plus l’ombre d’un doute, votre humilité a conquis même les cœurs des plus sceptiques, votre patriotisme a réveillé et éveillé des fibres exogènes et endogènes. Hélas, les mauvais perdants ont emprunté la ligne téléphérique de votre humilité pour vous jouer un si mauvais tour. Ils n’ont pas pu vous corrompre, ils ont procédé par tous les procédés maléfiques qui existent sur cette terre pour vous éliminer. Heureusement, vous faites partie des lumières qui ne féconderont jamais d’obscurités. Ils ont joué au ludo, ils ont déplacé leurs pions, ils ont utilisé une jeune fille innocente, ils ont déployé des moyens colossaux, ils pensaient tout simplement effacer votre nom dans notre tableau de bord. Point de mea culpa ! Dites-vous tout simplement que l’erreur est humaine. C’était dit que vous allez fréquenté ce salon de massage.

Apprendre de votre erreur, savoir que vous n’êtes plus comme le commun des Sénégalais, connaître la place que vous jouez dans cette configuration politique actuelle, utiliser votre modestie dans un autre paysage. La jeunesse a confiance en vous, et ce n’est pas un complot ourdi qui la fera changer d’avis. D’ailleurs, c’est sa confiance en vous qui a causé dernièrement les vagues de contestations, les luttes âpres et acharnées, les cris d’humeurs tous azimuts. Sachez cher PRÉSIDENT que vous êtes considéré par cette jeunesse comme une chance, un cadeau divin, un prophète avec des idées merveilleuses, un messie tout court. Sachez que vous avez des valeurs qui constituent un miroir neuf pour cette jeunesse. Sachez que avez la lourde charge de téter et de guider cette jeunesse. Sachez que vous n’avez plus le droit de manger selon vos goûts, de vous pavaner suivant votre propre direction, de voyager en convoquant une quelconque liberté. Vous n’êtes plus « libre » car vous avez tout fait pour que nous vous aimions. Vous portez avec vous la gibecière d’espoirs de toute une jeunesse. Vous n’avez même pas le droit de « mourir » car vous le feriez avec les espoirs de cette jeunesse. Nous voulons tout simplement que vous regardiez en avant. Nous voulons que vous vous mettiez à notre place. Nous voulons que vous sachiez que vous êtes notre dernière pièce à conviction. Nous voulons que vous partagiez avec nous vos problèmes. Nous sommes prêts à faire tout notre possible pour vous mettre dans des conditions optimales. Nous avons signé un contrat avec vous, celui de vous héliporter au Palais de la République le soir des joutes électorales de 2024.

Nous ne saurions terminer cette présente sans remercier toutes les entités du pays. Nous félicitons toutes les âmes qui de près ou de loin ont voulu nous accompagner. Nous nous agenouillons devant la mémoire de nos martyrs et prions pour le repos éternel de leurs âmes. Nous souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés. Nous regrettons amèrement certains actes de pillages et d’agressions. Nous les mettons sous le coup de la psychologie des foules. Nous aimons notre pays. Nous ne sommes ni terroristes ni bandits. Nous voulons un climat convivial d’amour, de fraternité et de complémentarité. Nous sommes plus que jamais prêts à user de tous nos droits constitutionnels pour que nos causes d’aujourd’hui et de demain soient entendues. Nous allons retourner dans les universités et autres structures d’enseignements. Nous allons récupérer nos flambeaux de travailleurs. Nous remercions Ndeye Khady Ndiaye et toute sa famille. Nous pardonnons à Adji Sarr. Nous appelons tout le monde à la massification car 2024 c’est maintenant.

Espérant une lecture attentive à cette présente, veuillez Monsieur Le PRÉSIDENT, recevoir l’expression de nos salutations les plus nourries. Bon retour chez vous !

Mama Ndiaw Goumbale
Plume-MNG 🇸🇳
Étudiant en troisième année à l’UFR SJP/UGB