Birmanie : l’armée poursuit les arrestations, le mouvement de contestation s’intensifie
La situation en Birmanie est tendue. Alors que le mouvement de désobéissance civile continue de gagner en ampleur, l’armée continue de procéder à des arrestations.
Des centaines de professeurs et d’étudiants se sont mobilisés ce vendredi devant l’l’Université Dagon à Rangoun pour contester la prise de pouvoir par l’armée, qui a orchestrée un coup d’État contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. Le peuple birman entame ainsi sa première grande manifestation contre le pustch.
Avec leur « salut à trois doigts », geste de résistance emprunté au célèbre film américain Hunger Games, les protestataires ont scandé « longue vie à Mother Suu », Aung San Suu Kyi, « assignée à résidence » dans la capitale Naypyidaw et « en bonne santé », selon un membre de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Les militaires, après avoir pris le pouvoir le lundi dernier, continuent de faire des arrestations, et ce, malgré une condamnation de la communauté internationale. Win Htein, 79 ans et proche d’Aung San Suu Kyi ainsi que Min Htin Ko Ko, un réalisateur très critique, font parti des arrestations.
Plusieurs activistes et responsables politiques arrêtés
Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, une ONG basée à Rangoun, environ 150 hommes politiques et activités ont été interpellés.
« Jusqu’à présent, nous avons vu de nombreuses arrestations parmi les militants des droits de l’Homme. Et ce vendredi, il y a eu apparemment des interpellations à Mandalay. Mais pour le moment, on n’observe pas de réponse répressive à grande échelle. Les Birmans sont d’ailleurs très conscients du risque qu’ils encourent. Car la Birmanie a une longue tradition de répressions sanglantes », estime Andrea Giorgetta, directeur Asie de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH).
Plusieurs corps entrent dans la lutte.
Après le corps du personnel de santé, c’est au tour des enseignants de manifester leur désaccord. « Nous avons vu que de nombreux corps de métiers ont rejoint la campagne de désobéissance civile. Aujourd’hui, ce sont les enseignants qui sont descendus dans la rue. On a des rapports qui parlent d’environ 200 enseignants qui se seraient rassemblés dans différentes parties de Rangoun », renseigne-il.
Il y a un changement de contexte par rapport à il y a 20 ans ou 30 ans. « D’une part, assure Andrea Giorgetta, on observe une résistance accrue contre le pouvoir militaire, surtout parmi la jeunesse, et d’autre part, il y a une solidarité régionale qui se met en place, notamment en Thaïlande, il sera donc beaucoup plus difficile pour l’armée d’isoler voire de museler la société birmane à long terme. »
