Portrait | Gerd Müller la légende allemande, l’un des meilleurs buteurs en phase finale de l’histoire des Coupes du monde
« Der Bomber s’en est allé. »
L’Allemagne et toute la planète foot s’est réveillée avec une énorme tristesse. Gerd Müller, légendaire attaquant des années 70 s’est éteint à l’âge de 75 ans des suites d’une longue maladie.
Né le 3 Novembre 1945 à Nördlingen, Gerhard Müller, plus connu sous le nom de Gerd Müller, a fait les beaux jours du Bayern et de l’Équipe nationale allemande à bien des égards. Après des débuts prometteurs avec l’équipe de sa terre natale, il rejoint le Bayern Munich en 1964 alors que l’équipe était en deuxième division allemande. Du haut de son 1m76, l’attaquant allemand va martyriser la planète foot pendant plus de 10ans empilant les buts et pulvérisant record sur record. Avec « der kaiser » Franz Beckenbauer et « le chat » Sepp Maier, il va grandement faire entrer le Bayern Munich et l’équipe nationale d’Allemagne dans une nouvelle dimension. Après une montée en première division en 1965, Gerd Müller deviendra définitivement un poison pour toutes les défenses qu’il va affronter.
En Bundesliga, « der bomber » marquera 365 buts en 427 matchs avec sept titres de meilleur buteur. Lors de la saison 1971-1972 , il inscrit 40 buts en 34 journées et réussit par la même occasion une performance inédite en Allemagne. Il aura fallu attendre 49 ans pour voir un attaquant battre ce record (Robert Lewandowski 41 buts). Le Bayern profite ainsi de sa machine à buts et remporte quatre titres de champion d’Allemagne.
Gerd Müller entouré de Franz Beckenbauer et Udo Lattek (1973).
En Coupe d’Europe, Gerd Müller continuera sur sa lancée n’ayant d’yeux que pour les buts. « J’avais cet instinct en moi dès mon plus jeune âge. Je ne pensais qu’au but. Et peu importait la manière », disait-il à un journaliste. 34 buts en 35 matchs de Coupe d’Europe des Clubs Champions (devenu Ligue des Champions depuis 1992), 3 buts en 3 finales de C1 remportées, 85 buts sur l’année civile 1972 (record qui ne sera battu qu’en 2012 par Lionnel Messi), la liste des records détenus par le bombardier allemand est vraiment longue. Au total, le bilan en Bavière sera de 503 buts et 104 passes décisives avec le « Rekordmeister » en 580 matchs d’après le site Transfermarkt. Il fera un petit détour en Amérique du Nord avec le club de Fort Lauderdale avant de raccrocher les crampons.
Avec la Mannschaft, le bilan est encore plus impressionnant avec 68 pions en 62 sélections, 14 buts en 13 matchs de Coupe du monde dont 10 inscrits lors de l’édition 1970. Il sera par ailleurs le ballon d’or France Football la même année. L’Euro 1972 et de la Coupe du Monde 1974 garniront encore plus son armoire à trophées.
Gerd Müller avec Johan Cruyff après un match entre le Bayern Munich et l’Ajax Amsterdam (1978).
Au-delà de ses statistiques les unes plus impressionnantes que les autres, Gerd Müller se distinguait de par sa faculté à toujours répondre présent lors des finales. Il aura marqué en finale de Coupe du Monde, d’Euro, de C1, de Coupe Intercontinentale entre autres. Une légende du football qui aura tout remporté tant sur le plan individuel que collectif.
Gerd Müller aux côtés de Sepp Maier (1978).
As de la finition, « der bomber » était un génie dans l’art de se déplacer pour se défaire des défenseurs, à une époque où le marquage individuel était vraiment la tendance. Pied gauche, pied droit, peu importe, il réussissait toujours à trouver le bon angle et à faire le geste juste pour mettre la balle au fond des filets. »J’avais une seconde d’avance sur les défenseurs. J’avais cet instinct en moi dès mon plus jeune âge. Je ne pensais qu’au but ».
Wolfgang Overath (à gauche) et Gerd Müller (à droite) avec le trophée de la Coupe du monde 1974 à Munich.
Malheureusement, il est confronté à de nombreux problèmes qui le mineront à la fin de sa carrière. Ayant sombré dans l’alcoolisme et dans une profonde dépression en plus de maladies comme l’arthrose, la légende Müller sera recueilli par ses amis et ex-coéquipiers Uli Hoeness et Franz Beckenbauer qui vont lui offrir un travail de recruteur et d’entraîneur des attaquants au Bayern Munich. Il entraînera l’équipe réserve en 1995 après avoir passé son diplôme d’entraîneur. Poste qu’il occupera jusque vers les années 2010. Ces fonctions lui permettront de retrouver goût à la vie. Mais la maladie d’alzheimer annoncée par le club bavarois en 2015 l’affaiblira et lui coupera définitivement du reste du monde. En novembre dernier, son épouse Uschi Müller avait donné des nouvelles loin d’être réjouissantes annonçant que son conjoint « s’endort doucement ». « Il est presque 24 heures sur 24 au lit, il n’a plus que de rares moments d’éveil … C’est beau, lorsqu’il ouvre un peu les yeux. Parfois, il arrive à faire oui, ou non, en bougeant un cil […] il est calme et paisible, je crois qu’il ne souffre pas, il part lentement vers l’au-delà en dormant » avait-elle déclaré au quotidien allemand Bild. À partir de ce moment, il était devenu clair que l’emblématique Gerd était sur le point de nous quitter. Ce dimanche 15 août 2021, le Bayern Munich a annoncé sa disparition à travers un communiqué.
Une immense partie de l’histoire du Bayern et du football est partie. Beckenbauer disait : « Sans ses buts, il n’y aurait pas de Bayern Munich. Ce que le club est aujourd’hui, tout ce que nous avons, nous le lui devons » pour illustrer à quel point le « Canonnier national » aura réussi à hisser le club bavarois et l’équipe nationale allemande au sommet. C’était un immense joueur, une référence pour tout un peuple.
Recevoir un tel hommage de la part du « kaiser » en dit tellement long. Il n’aura pas une notoriété à la hauteur de sa légendaire carrière, car il n’était focalisé que sur « le terrain » et accordait (trop) peu d’attention aux médias et à tout ce qui pouvait le rendre célèbre. « Son nom et sa mémoire seront honorés à jamais ». Des mots du Président du club Herbert Hainer qui seront sans doute validés par tout passionné de foot.
Merci pour tout Gerd Müller. À jamais dans nos cœurs.
