Violence dans les universités : les étudiants demandent l’arbitrage du ministre Cheikh Oumar Hann

Face à l’escalade de la violence au niveau des campus universitaires du pays, les étudiants demandent au ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Innovation et de la Recherche, Pr Cheikh Oumar Hann, de donner l’ordre au Pr Mahy Diaw, recteur de l’université Alioune Diop de Bambey, de revenir sur ses décisions ayant mis le feu aux poudres pour une issue heureuse de la crise dans cet établissement d’enseignement supérieur. Pendant ce temps, Ousmane Sonko charge le pouvoir du président Macky Sall qu’il tient responsable de tous dérapages qui pourraient découler de ces affrontements entre policiers et étudiants.

Les étudiants des universités Cheikh Anta Diop de Dakar et Alioune Diop de Bambey se sont donnés la main, mardi et hier mercredi, pour faire face aux forces de l’ordre.

Ils exigent de meilleures conditions sociales au niveau du campus de Bambey où étudiants et administration se regardent, depuis quelques temps, en chien de faïence. La situation délétère fait suite aux décisions prises par l’Assemblée de cette université avec des sanctions disciplinaires contre des étudiants « identifiés » pour leur rôle dans les violences en plus de la dissolution des amicales et l’instauration de la session unique pour les examens. Mais la goutte de trop a été le décès d’un étudiant de cette université originaire de Kaolack. Ceci, suite à une «intoxication alimentaire», selon les étudiants. Or, le rapport d’autopsie effectué par un médecin légiste agrégé des universités a fait apparaître qu’en réalité, cet étudiant est mort d’une maladie hépatique.
Sa mort n’est donc qu’un prétexte pour ses camarades de l’université de Bambey qui ont décrété une grève « illimitée » pour exiger, outre la lumière sur les causes de sa mort — qui sont connues —le rétablissement de leurs amicales dissoutes ainsi que le retour des deux sessions aux examens.

Pour se solidariser avec leurs camarades de Bambey, les étudiants de l’université de Dakar sont montés au « front » mardi et se sont affrontés violemment avec les policiers du GMI (Groupement mobile d’intervention). Cette intifada a fait beaucoup de blessés et occasionné des interpellations au niveau des universités de Dakar et Bambey. Dans la capitale, les étudiants déplorent la situation qui prévaut à Bambey. « Il n’y a pas d’étudiants de Bambey, il y a des étudiants du Sénégal », a déclaré le président de la commission sociale écoles et instituts de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Diégane Diouf. Il interpelle directement le ministre de l’Enseignement supérieur à qui il demande de donner l’ordre au recteur de l’université de Bambey afin qu’il lève les sanctions liées à la dissolution des coordinations et amicales, à la session unique et à la publication des résultats de l’autopsie de leur camarade qui serait décédé suite à une «intoxication alimentaire».

Récemment, dans un communiqué, l’admi-nistration de l’université de Bambey s’était félicitée, dans un communiqué, du respect des décisions de ses instances par la « grande majorité des étudiants » qui aurait permis aux sites de Ngoundiane, de Diourbel et l’Isfar (site de Bambey) de «fonctionner normalement». «Faux», rétorquent les étudiants du site de Ngoundiane qui s’indi-gnent tout en demandant au Pr Mahy Diaw, recteur de l’université Alioune Diop de Bambey, de revenir sur ses décisions en procédant à la publication des résultats de l’autopsie de l’étudiant mort, le rétablissement des amicales et, surtout, le retrait « sans délai » des forces de l’ordre du campus. Telles sont les exigences des étudiants.

Le leader du Pastef appuie les étudiants, et charge le président Sall Bien évidemment, cette situation tendue dans les universités du pays ne laisse pas indifférente la classe politique. C’est ainsi que le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, dans un texte publié sur sa page Facebook, demande impérativement au gouvernement «l’arrêt immédiat des violences policières contre les étudiants de Bambey, Saint Louis et Dakar» et « une enquête sérieuse pour situer les causes de l’intoxication et établir les responsabilités ».

Le leader du parti «Pastef Les Patriotes» a également lancé un appel au corps professoral à qui il demande d’exa-miner la possibilité de restauration des deux sessions d’évaluation. Il dit saluer le dévouement et les sacrifices de ces enseignants pour la cause universitaire, et tient «Macky Sall responsable des dérapages » qui pourraient entrainer des « dégâts humains irréparables » au sein de ces universités où la tension est encore très vive.
Pour Sonko, c’est « inadmissible », « ce qui se passe depuis quelques jours dans nos universités » où « ces étudiants réclament la lumière sur la mort suspecte d’un des leurs, une enquête sur les raisons de l’intoxication alimentaire qui a frappé le campus et la prise en charge des victimes qu’elle a occasionnée. Last but not least, le retrait de la mesure instaurant une session unique qui n’offre aucune chance de rattrapage. L’allègement des conditions étouffantes de vie dans les universités et la dissolution de leurs amicales». Des revendications par des étudiants, dit-il, qui « se font littéralement massacrer par des forces de l’ordre d’une brutalité inouïe, commandée par un ministre de l’intérieur et zélé ».

Dans un tableau noir de la situation, l’opposant numéro un du régime du président Macky Sall fustige le fait que les étudiants soient toujours passés à tabac, séquestrés, kidnappés, humiliés sans compter la violation des franchises universitaires… « Tout y passe », dit-il. Une situation qui, selon Sonko, confirme « les relations exécrables qu’entretient Macky Sall avec sa jeunesse, et les étudiants en particulier »…

Le Témoin