Éditorial : être précis est devenu plus important que d’avoir l’exclusivité

La précision de l’information est devenue beaucoup plus importante que la traditionnelle course à l’exclusivité.

« Toute exclusivité est bonne à avoir sauf quand il s’agit de la nécrologie », répétait sans cesse notre brillant et regretté professeur d’éthique et de déontologie en journalisme, Monsieur JEAN MEISSA DIOP (Paix à son âme).

Comme quoi le journaliste n’est pas à l’abri de la fausse information, de la désinformation et de la manipulation.

Plusieurs médias ont annoncé ce jeudi la mort du célèbre agent Mino Raiola. Agent de joueurs, il a géré les carrières d’Erling Haaland, Paul Pogba, Gianluigi Donnarumma, Zlatan Ibrahimovic, Matthijs de Ligt, Marco Verratti pour ne citer que ceux-là.

Une information d’abord lâchée par le journaliste Tancredi Palmeri, puis confirmée par Tuttosport, La Repubblica et La Gazzetta dello Sport. Ensuite, c’était la catastrophe totale. Footmercato, SkySport, RMC Sport, L’Equipe, les gros comptes du football sur Twitter, même des comptes de grands clubs ont tous repris l’informatio sans pour autant appliquer la notionla plus « basique » en journalisme, le flair d’aller vérifier en amont l’information avant publication.

Ces organes de presse ont rappelé qu’il avait été opéré en urgence en début d’année en raison d’une maladie pulmonaire, placé ensuite en soins intensifs. Son état s’était aggravé ces dernières semaines.

Cette passivité journalistique commence à gagner du terrain dans notre domaine.

C’est intolérable de voir des grandiloquents médias internationaux reprendre une information sans l’avoir vérifiée pour ensuite supprimer et nous faire un démarquage pour dire qu’on s’est trompé. En réalité on ne s’est pas trompé mais plutôt on n’a pas bien fait notre travail.

Le bon journaliste doit se donner tous les moyens possibles pour avoir la bonne information même s’il sera après au bord du burn out professionnel.

En réalité, ce qui s’est passé sur cette fausse mort de Mino Raiola, ce n’est rien d’autre qu’un scandale de presse.

L’entourage du joueur via le médecin, l’agence et le bras droit du célèbre agent, ont tous fourni un démenti. Ce qui veut dire que la presse n’avait pas cherché auparavant à vérifier l’information. Une erreur monumentale des médias surtout italiens, et surtout du journaliste Tancredi Palmeri, qui a décidé finalement de se retirer de Twitter.

Le mensonge qui était l’art des faussaires, des dupeurs et des flatteurs est devenu à la portée de tout le monde. Le palmarès revient aux journalistes dupant une plèbe anesthésie et complice des fausses informations et de la désinformation.

Quelques minutes plus tard, l’annonce traverse les Alpes pour atterrir à la tour Eiffel. Là aussi, les médias français (majoritairement sportifs) ont relayé l’information en prenant tout de même le soin de mentionner « selon la presse italienne ». Mais qu’en est-il de la vérification ?

La plupart de ces médias ont la possibilité d’appeler l’agent en personne, son médecin, son avocat où un membre de sa famille avant de relayer une telle information.

Le site du journal l’Equipe avait annoncé dans un premier temps le décès de Mino Raiola avant de supprimer l’article et d’en publier un nouveau titré : « Mino Raiola entre la vie et la mort à Milan ». Quel démarquage tout de même !

Un revirement de situation qui s’expliquerait par le démenti donné par la famille du célèbre agent. Puis, le journaliste Fabrizio Romano a posté un tweet où il reprend une déclaration du Dr Alberto Zangrillo de l’hôpital où est interné Raiola : « Je suis scandalisé par les appels téléphoniques de pseudo-journalistes spéculant sur la vie d’un homme qui se bat pour survivre ».

Mais l’annonce qui a véritablement mis fin à ces rumeurs est celle faite par l’intéressé. Via son compte Twitter, Mino Raiola a fait le point : « Etat de santé actuel pour ceux qui se demandent : je suis énervé, c’est la deuxième fois en 4 mois qu’ils me tuent. Ils semblent également capables de me ressusciter. » Ironie du sort.

Internet est devenu un nouveau média où les sources d’informations sont dupliquées et, de fait, différencier une information fiable d’une information fausse serait presque impossible avec l’apparition du phénomène de « Fake News ».

Cette utilisation d’internet comme source d’informations est même de plus en plus privilégié au détriment d’autres sources d’informations traditionnelles comme les journaux, la radio ou la télévision la presse écrite. Qui sont eux à leur tour consultés en ligne.
Un changement d’habitudes qui peut s’expliquer par la facilité et la rapidité d’accès à l’information en tant que récepteur mais aussi en tant qu’émetteur.

Aujourd’hui pour être crédible sur les réseaux sociaux il faut avoir au moins 10 mille abonnés selon la logique de certaines personnes.

C’est vraiment affligeant de voir certaines choses se produire, alors qu’on ne peut pas faire grand-chose.