L’Hôpital LE DANTEC dans l’agonie pousse un cri de détresse
Les médecins en service à l’hôpital Aristide Le Dantec ont fait face à la presse, ce mercredi pour dénoncer les conditions de travail difficiles auxquelles ils sont confrontés. Pour régler ce problème de reconstruction dont le coût est évalué à 60 milliards de FCFA, ils n’interpellent personne d’autre que le chef de l’État.
Vieux de 100 ans, l’hôpital Aristide Le Dantec (Hald) est en train de trépasser. Pour cause, les bâtiments sont fissurés, régulièrement inondés, font face à des problèmes d’électricité et de plomberie. En plus, la capacité d’accueil des patients est dépassée, des médecins se retrouvent sans bureaux et un service des urgences inadapté. Voilà le diagnostic sans complaisance de cette grande infrastructure sanitaire.
À tour de rôle, les membres de la Commission médicale d’établissement (Cme), regroupant tous les chefs de services, ont décrié, hier, face à la presse, cette malheureuse situation et estiment que l’hôpital doit être conduit aux urgences de l’Etat. En prenant la parole, le professeur Alain Ndoye informe d’emblée : « L’hôpital compte 90 praticiens, 3000 étudiants chirurgiens, infirmiers, entre autres. 2000 à 2500 usagers fréquentent l’établissement. Nous avons 26 services dont certains sont uniques dans le pays, il s’agit de l’immunologie, cancérologie, etc. » Il ajoute : « Nous sommes confrontés à l’obligation de moyens et nous avons prêté serment de ne pas porter atteinte à la vie de nos patients. La situation actuelle à l’hôpital Aristide le Dantec est une catastrophe qui nous expose en tant que praticiens mais surtout les patients qui viennent pour des soins. Dans un futur relativement proche, nous allons nous retrouver dans une situation où il ne sera plus possible de continuer. Ce que nous demandons, c’est la reconstruction de l’hôpital qui ne répond plus aux normes et nous expose à des risques, pas d’indemnités, de primes encore moins d’augmentation de salaires ».
« On a l’impression que l’hôpital Le Dantec est abandonné »
D’après le Pr Ndoye, les améliorations sont « insuffisantes », l’état des bâtiments s’aggrave. « Nous vivons le stress que seuls nous les praticiens pouvons constater. A ce jour, nous n’avons aucune garantie plus de 4 000 spécialistes traversent l’hôpital chaque année. Nous ne pensons pas que cela soit un problème d’hommes mais plutôt de système. Il est insupportable pour des médecins de subir des injustices. On demande, on quémande même le soutien de la population sénégalaise. On ne lâchera pas, on se battra jusqu’au moment où on ne tiendra plus », a-t-il dit.
Abondant dans le même sens, Maboury Diao souligne que cet « énorme retard » dans le domaine des infrastructures et des équipements « accentue la souffrance physique et psychologique des patients dont la vie est parfois menacée ». Professeur Mamadou Diop a estimé, quant à lui, que « les chantiers interminables ne font qu’augmenter l’insalubrité, l’hôpital est devenu un cimetière de machines ». Pour sa part, le professeur Awa Oumar Touré défend qu’il y a une absence de marché d’équipements depuis 2017. « Nous avons perdu toutes nos données de 2020. On a l’impression que l’hôpital Aristide Le Dantec est abandonné », a décrié le médecin. Elle estime que ce grand « malade » qu’est l’hôpital doit être envoyé aux « urgences étatiques ». Avant d’ajouter : « A l’hôpital, le patient souffre parce qu’il est venu pour cela mais le praticien souffre davantage parce qu’il ne peut même pas travailler ».
Professeur Madieng Dieng indique que la capacité est de 540 à 570 lits évolutifs. La reconstruction par phasage a été proposée avec un coût de 60 milliards de FCFA. La maquette et le plan architectural ont été validés et présentés au président de la République Macky Sall en 2014. Il avait intégré la reconstruction de l’hôpital Le Dantec dans le Plan Sénégal émergent (Pse). La situation est si grave que la Cme a annoncé « la nécessité d’interrompre très prochainement les activités de soins ».
