REPORTAGE | L’appel des Layenne : Le halo des réverbères de la communauté Lebou 

Adjibo dahiya laye ya marsaral ins wal djin ini raasouloulahi ileykoum (« Venez à l’appel de Dieu vous, hommes et djinns, je suis l’envoyé de Dieu. L’arabe blanc s’est noirci »), disait en 1883, Le Mahdi.

Nous sommes à Yoff Diamalaye, à quelques encablures de la mer, à côté du mausolée de Seydina Limamoulaye ( le guide religieux de la communauté Layenne).

Sur ce terrain naturellement couvert de terre sablonneuse, dans l’enceinte de Yoff-Diamalaye où repose le Mahdi ( qui signifie littéralement le bien guidé), Seydina Limamou Laye, l’affluence est déjà de mise.

Les fidèles viennent de partout, en témoigne cette femme qu’on a trouvé à l’ouest du mausolée de Seydina Limamoulaye.

« Je suis à Yoff depuis samedi passé. Je viens de Thiès et depuis quatre ans c’est comme ça. Je n’ose plus jamais rater cet appel en tant que fidèle », a t-elle expliqué.

Derrière le mausolée il y a le puits qui recevait des centaines de personnes pour l’approvisionnement en eau, et qui est fermé au public. Des robinets sont mis en place dans le mur extérieur à la mer.

Tout à fait à droite, c’est la cuisine, mais pour l’instant elle n’est pas encore occupée par les femmes.

Dans la queue organisée par sexe, des hommes portant les tee-shirts estampillés « Diamalaye sécurité » assurent la distribution du liquide précieux que les Layènes appellent Zam Zam en référence à l’eau de la Mecque.

Nous avons rencontré Chérif Alassane Laye Diop qui est le secretaire général de vision 129 (entité œuvrant dans l’organisation de l’appel) qui est au sein de la commission d’organisation de l’appel.

Un entretien qui a duré 1 heure 30 minutes.

Dans cet entretien, ce petit fils de Mame Issa est revenu en long et à large sur la vie et l’œuvre du Mahdi.

Orphelin de père, Limamou Laye (1843-1909), pêcheur et agriculteur Lébou, perd sa mère et s’enferme, sans boire ni manger, trois jours durant et au terme desquels, il lança cet Appel éternel. Grande figure de l’Islam au Sénégal, qui s’est déclaré le Mahdi tant attendu ou l’Imam des « Bien Guidés », est le père de la confrérie soufie Layène, nous dit-il avec conviction.

Village natal du fondateur de la confrérie layène, Yoff est vêtu en blanc depuis quelques jours, couleur de la communauté, à l’instar de notre collègue Limamoulaye Lô, qui nous sert de guide.

Vêtu d’un boubou gris, avec des lunettes, Alassane Laye Diop est assis confortablement sur un fauteuil, à côté de lui, la photo de son grand-père, Seydina Issa Laye.

Ce fervent fidèle Layenne est joyeux comme une drille.

Dans l’enceinte de Diamalaye, malgré le froid, on a trouvé, Birane Ndiaye, membre de la comité scientifique de l’appel.

Vêtu d’un caftan blanc, cet homme s’est agglutiné sur le sable fin, les deux mains tendues en guise de prières devant le mausolée de Seydina Limamou.

Dans un contexte politico-social assez tendu, « le thème du 143e anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Laye est d’actualité. La paix et le développement à la lumière des enseignements de Seydina Limamou Lahi (Psl), a été choisi par la communauté », nous dit-il.

Il est 17h passé de 22 minutes, en ce lundi 20 février 2023, veille de la célébration du 143e anniversaire de l’Appel de Seydina Limamou Laye, la brise marine distille de l’air frais qui fait trembler les corps.

On entend de très loin le bruits des vagues.

Aujourd’hui, l’ambiance de l’Appel s’est propagée comme un virus dans toute la commune de Yoff. De Tonghor à Ngaparou en passant par Dagoudane, Ndénatte, Ndeungagne et Mbenguène, les bâches sont formées en tantes et des sonorités propres à la confrérie sont balancées de partout. Dans les le quartier de Yoff Apecsy et Nord Foire, les pèlerins ne manquent pas. Des tentes sont formées dans les places publiques. Les matériels de sonorisation sont fins prêts. « Cela fait plusieurs jours qu’on ne dort plus. Lorsque des gens viennent de loin, il faut leur donner du confort car chez eux, ils avaient ça »,nous explique notre guide.

Au siège de l’Association pour la promotion économique sociale et culturelle de Yoff (Apecsy) niché dans le quartier de Mbenguène, la presse s’est déjà installée. La circulation, elle, s’en retrouve entravée du fait du nombre incalculable de Layènes désirant rallier le mausolée de Seydina Limamou. En grand nombre sur la route dans les artères de la commune, un important dispositif sécuritaire a été mis en place pour barrer la route aux malfaiteurs. Au grand bonheur des fidèles qui affluent à Yoff, Ngor et Cambérène.

Le Mahdi, un constant serviteur d’Allah

Constant serviteur d’Allah, apôtre d’œuvres pieuses et farouche adversaire du culte des génies, le Saint-Homme s’est distingué par des miracles et guérisons et surtout par le combat pour l’unicité de Dieu, viatique de la confrérie qu’il a fondé et qui s’unit dans le blanc et le Laye. Ainsi, craignant son influence, le Colon l’assignera trois mois à résidence, sur l’île de Gorée, après l’échec d’une déportation au Gabon.

Les miracles du Mahdi

“Les actes de miraculeux de Seydinâ Limâmou sont plus nombreux que les étoiles et les graviers et les grains de sable. Sa venue annoncée par le prophète Mohamed (PSL) était attendue par tous les musulmans”. Dixit le livre de Cheikh Makhtar Lô, docteur de l’Ilsam, « La vie de Seydina Limâmou Lâhi (PSL).

Rappelé à Dieu, le Mahdi dont on ne connait ni photo ni représentation figurée et qui laisse un livre en six parties, intitulé Sermon, fut enterré à Diamalaye.

Son fils Seydina-Issa Laye (1676-1949), hérita du califat pendant 40 ans.