Contribution : Qui sauvera Touba de sa soif ?

Le cri de celui qui est vaincu (et nous avons fait de l’eau toute chose vivante) est un verset divin, englobant, indiquant l’importance de l’eau dans la survie sur cette planète, inspirant le Cheikh Al-Khadim alors qu’il implore son Seigneur de ne pas priver son peuple de cet élément vital, en disant :

« Protège mon foyer des mécréants, et accorde à ma famille l’eau qui jaillit. »

La vie et ses vicissitudes sont étranges, car les événements ont confirmé que la première ligne du verset n’est complète qu’à la fin de la première ligne, avec un sens entre les deux demi-versets pour celui qui le lit instantanément.

Ce qui se passe à Touba est quelque chose de terrible, répugnant à un niveau presque insupportable. Pendant quelques jours consécutifs, la majorité de ses habitants ont été privés d’eau, leurs robinets ne laissant échapper aucune goutte, les obligeant à revenir à l’âge de pierre, marchant des kilomètres pour trouver de l’eau et soulager la chaleur accablante qu’ils endurent.

Si cette épreuve était purement divine, son impact sur les habitants de cette ville bénie aurait été atténué, mais c’est une décision de priver les gens d’eau pour des motifs matériels, ce qui est encore pire. Cette situation, qui a duré une semaine dans la plupart de ses quartiers, est devenue une habitude dans d’autres quartiers. Ce qui est déchirant et douloureux, c’est que ceux qui cherchent à savoir qui est responsable de cette situation ne trouveront que des réponses évasives, en plus de l’absence de clarification des responsables de cette situation. Ils n’ont pas proposé de solutions temporaires aux habitants impuissants, ce qui reflète une indifférence flagrante et un mépris pour les sentiments et les soucis des gens.

Qui est responsable de la pénurie d’eau à Touba ? Si elle est le résultat d’une entité voulant forcer les habitants à payer leurs factures d’eau comme dans les autres localités du Sénégal, qu’elle sache qu’elle a réussi dans cette mission, car le désespoir et la fatigue des habitants les poussent à préférer payer les factures malgré les crises économiques plutôt que de vivre la fatigue quotidienne de chercher une goutte d’eau sur cette vaste terre.

Si elle est causée par une entité cherchant à assoiffer les gens pour réaliser un profit supplémentaire en vendant de l’eau en bouteille, qu’elle sache qu’elle est dépourvue de dignité et d’éthique, dépourvue de conscience et d’honneur, car les nations n’ont jamais privé d’eau les uns les autres sauf dans de rares cas de guerre.

Si elle est causée par une entité qui se trouve être faible face à la pression d’un lobby plus puissant, qu’elle se décharge devant les gens et l’histoire.

Touba, la ville qui a conquis les cœurs de nombreux Sénégalais, fondée par Cheikh Ahmadou Bamba il y a plus de 130 ans, est devenue un centre de savoir et un phare de guidance, une destination pour les peureux et les égarés lorsque les missions les accablent, la voici privée des éléments les plus basiques de la vie décente, et ses habitants assoiffés par un groupe aux intentions mystérieuses, personne ne connaît leurs motivations et leurs objectifs, défiant ouvertement toutes les valeurs humaines et sociales.

Les Arabes ont dit vrai lorsqu’ils ont dit : « Celui qui se sent à l’abri du châtiment se permet de mal se comporter.

Par Elhadji Moustapha Mbacké,
Doctorant et enseignant chercheur à l’Université Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba