CONTRIBUTION | Ousmane Sonko – Abbé André Latyr Ndiaye : Entre vision sénégalaise et discours blasphématoire

Il est nécessaire que toutes les communautés sachent que le changement survenu le 24 mars a été une transformation radicale dans tous les aspects de l’État. Le Sénégal n’est plus comme avant, un pays contrôlé par de petites minorités. Ce Sénégal ressemblera tôt ou tard à lui-même. Il est impératif que ceux qui l’ignorent comprennent bien les fondements sur lesquels l’État sénégalais a été construit après l’indépendance, qui ne reflète ni son identité ni son peuple, et ce sur tous les plans politique, social, culturel, etc.

Sonko a eu raison de parler du modèle sénégalais souhaité, ce qui montre sa prise de conscience de l’ampleur du changement attendu.

Ce que ce Abbé a dit est une folie et un crime qu’il pense pouvoir proférer sans conséquence, sinon il n’aurait pas osé s’exprimer ainsi dans un pays où la majorité écrasante des gens sont musulmans.

Quelle est la relation entre le hijab et ses paroles déplacées ?

Quel mépris pour les sentiments des musulmans est-ce là ? Comment a-t-il osé les divulguer au grand jour ?

Je suis convaincu que si de telles paroles avaient été prononcées par un musulman à l’égard de sa propre foi, il aurait été contraint de s’excuser et conduit devant les tribunaux au nom de la préservation du tissu social. Nous ne ferons aucun compromis sur notre foi, et nous ne la laisserons pas être utilisée pour les caprices de qui que ce soit. Quiconque, par ambition politique ou par haine envers le Messager de Dieu, Muhammad, paix soit sur lui, ose tenir de tels propos, la responsabilité incombe au gouvernement, et le peuple doit être le rempart pour son Prophète. Sinon, il n’y a aucun bien à attendre de leur vie.

Il est indéniable que le Christ, fils de Marie, et ses disciples resteront d’une grande importance dans le cœur des Sénégalais. Lorsque Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, évoquait dans l’une de ses poésies célèbres :

« Ô mère de l’âme du roi,
Ô mère de ma situation désespérée,
Ton fils n’est pas dans le malheur,
Auprès de l’Exalté qui tient tout », il exprimait ce qui anime le cœur de tous les Sénégalais. Le Christ est sacré pour nous, et notre foi ne sera complète qu’avec la croyance en lui, ainsi que par son respect et sa vénération. Il est donc inacceptable que la défense de sa personne soit dépréciée dans ce pays majoritairement musulman. Et quel rapport y a-t-il entre l’éducation et le hijab dans ce désaccord doctrinal ?

J’espérais que le discours de Sonko sur le modèle serait bien reçu, pour que le Sénégalais cultivé soit purement sénégalais, sans préférer la culture de l’Est ou de l’Ouest en raison de ses études là-bas.

Cependant, il y a un groupe de personnes qui mélangent les choses, et qui font de la politique leur boussole principale, tombant ainsi dans un piège dont ils ne pourront pas se sortir, et il sera trop tard pour regretter.

Par Elhadji Moustapha Mbacké,
Doctorant et enseignant chercheur à l’Université Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba