CHRONIQUE | Aux abois de la divine comédie au Sénégal !
Grande nation de démocratie ! Le pays de la teranga ! Sunu Gaal. Le pays des alternances pacifiques. Le pays du Président poète, père de la « Nation ». Inexistante.
Le pays de la démocratie ! De la Liberté ! De la laïcité ! Jadis.
Voilà le gouffre dans lequel se trouve le Sénégal. A cheval entre une démocratie de concordance dans un oligopole de la bonne société; et le diktat du bon roi, premier du nom, bien éduqué, maître dans l’art de la gestion du silence, l’affranchisseur de renégats, monarque de Ndoumbelane et des premiers hommes. Un gouffre ahurissant, précipité par l’obscurantisme d’une conscience peu dynamique et amnésique. Le syndrome du poisson rouge à son paroxysme !
Pendant que le monarque, républicain de sa non participation aux prochaines joutes de l’arène politique nationale, tire les ficelles du haut de ses aspirations que nulle ne saurait prédire, les ventriloques en carence idéologique dans l’opposition de Ndoumbelane se permettent un numéro de gargarisme au Marigot du coin. Ce jour-là, même le caïman a refusé de chasser la gazelle de peur d’être jeté à la vindicte populaire. Une opposition de taconniers ! Des branleurs de mot d’ordre qui n’ont que faire de la situation politique de Ndoumbelane. Les enjeux géopolitiques de la sous région les dépassent, la crise planétaire est le cadet de leur souci et pourtant ce sont eux qui promettent, chargent et prédisent le tartare pour qui ne dirait pas oui à leurs exigences.
Les benêts ! Ils ne savent pas que Ndoumbelane est sous le contrôle de Bukki l’hyène. Ne le croisez jamais au risque de vous faire broyer la cervelle, la puissance de sa mâchoire est divine.
Ah Bukki le calculateur ! Ndoumbelane n’a connu jusque-là que le ludo mais Bukki a fait des échecs son jeu favori. C’est à travers un gambit qu’il a réussi à profiter d’un buffle blessé par une panthère pour lorgner de plus près le trône de Boue de Ndoumbelane. Il a rallié tous les herbivores du royaume, afin de faire mordre la poussière à la vieille panthère qui semait tant la terreur dans la brousse.
Sous le sol veule de la communauté herbivore de Ndoumbelane, celle qui ne se préoccupe pas des abris et des privilèges royaux de la corniche ouest. La mer ne donne que des algues amèrement salines ! Les carnivores, avec désormais Bukki roi, ont besoin d’une alliance du futur : ils s’unissent pour l’espoir. Pas d’une nation ! D’ailleurs elle n’a jamais existé le Ndoumbelane de la nation. Mais unis pour l’espoir de se goinfrer la panse avec les herbivores du minimalisme.
Ils se font déjà avoir ! L’oligopole a déjà fait sa conférence de l’ouest pour le partage du Sud.
Mais ils n’avaient pas prévu une telle résilience de l’hippopotame et de l’éléphant. Sans oublier le combat mortel de rhinocéros ! Ah Ndoumbelane ! Rhinocéros a préféré mourir les armes à la main, en s’étant battu férocement. L’éléphant et l’hippopotame sont sûrs de ne rien changer, mais leur force de dissuasion est suffisante à leurs yeux. Les pastèques et les feuilles ne manqueront pas tant que Dieu pourra pleuvoir. Le Dieu de Ndoumbelane dont on caillasse la rue puisque sienne. Le Dieu de Ndoumbelane que l’on évoque n’est pas respecté. On ne se rappelle de lui que pour montrer son incapacité à être au rendez-vous. Et pourtant c’est le Dieu de révérence avec ses orishas tant connus ne font que se peindre sous différentes formes : ce sont les slogans du sens commun, les dictons qui condamnent l’incongruité, tout en permettant la pauvreté et la misère au milieu de l’opulence. Les nigauds ! Que du babil incessant !
Et Celui qui l’a compris c’est bien le maître soufi, cheval. Khalife général des soufis de Ndoumbelane. Lui qui a servi de monture pour tant de combats : laïcité, dialogue islamo chrétien, paix sociale, stabilité et fanatisme dans l’obscurantisme républicain. Cheval en a assez. Il se retire de cette vie qui l’a trop rongé et réclame désormais ses terres pour vivre tel un étalon des plaines. Spirit ! Esprit libre et indomptable.
En bas du niveau zero de Ndoumbelane, Leuk respire. Dans son terrier, il pue la confiance et defie les putois. Il emmerde ceux qui veulent le cueillir de son répit salutaire. Que n’a pas dit Leuk le lièvre au sujet de Bouki l’hyène ? Leuk le dystopiste, l’homme de la psychohistoire, Hari Seldon ! Leuk qui sait comme son maître, Djibril Tamsir Niane, que le monde est vaste, mais c’est du passé que sort le Futur. Leuk aura averti, mais Leuk aura été marginalisé. Taxé de nauséabond et de faiseur de malin. Oh qu’ils sont nombreux à Ndoumbelane cette husk de marginalisés ! Ils ont fini par se retirer de la politicaille ! Leuk a décidé de passer l’arme à gauche car c’est le crépuscule de la raison. Comment Leuk pourra expliquer à ses petits enfants que les lorgneurs du trône font du tintamarre sans programme clair pour leur magistère ? À 3 semaines du jour tant attendu jadis, aucun projet clair ! Ni noir, ni blanc, et engagé dans la nuance des lueurs de gris. Gris blanchâtre ou blanc grisâtre ! Veste grise chemise noire, ou veste noire sous body gris ? À vous de choisir ! Portez vos lunettes de soleil à l’ombre et profitez du spectre lumineux proposé par les bagatelles obscurantistes. Ceux qui porteront des lunettes anti reflets attendront de les enlever pour douter de l’originalité des lentilles de colobane. Et ceux au Cristallin encore vif pour l’accomodation sortiront de la salle. Pas de lunettes, pas de spectacle ! Le cirque est beaucoup moins drôle pour ceux qui ne portent pas de lentilles. Ah Leuk ! Ses longues oreilles l’empêchent d’en porter. Il aura dénombré une panoplie de résumés, une valse propagandes à ragoût, le tout goujonné par du coton pétrolé et soufflé au gaz de Ndoumbelane. La grosse mise sur l’incertitude !
Mais Leuk, serein ! Il Est en train d’écrire ses mémoires. Il en a marre génération après génération, de répondre aux mêmes appels au rond-point de l’hémicycle. Leuk attend le Lion. Ah que Gaindé nous manque ! On ne saura jamais qui il est vu qu’on en a jamais eu à Ndoumbelane. Mais ce mythe est une nécessité.
Leuk l’a vu dans l’équation africaine de Yasmina Khadra. Ce dernier stipule que : « aucune nation ne peut survivre sans mythe, et aucune jeunesse ne peut s’épanouir sans idole. » Ah si seulement tout Ndoumbelane savait ?
Leuk attendra avec impatience le retour triomphal de Samba. Samba de la nuit, samba du jour ensoleillé des pleines lunes. Parti trop tôt en quête de vie, son retour triomphal n’est qu’une formalité. Il emmènera un troupeau. Pas de moutons. Mais un troupeau de conscience, avec lui à sa tête tel un mâle dominant. Samba sera l’annonciateur de l’avènement de Gaindé le lion. Mais Leuk se demandait jusqu’à quand ? Quand allait venir samba, puis le Lion ? Dans ses abysses cérébrales qui lui sont chers, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à Léon Trotsky et à sa vision humble et limpide de l’histoire. Intrépide. Ah histoire ! Que tu es lente et cruelle !
Par Babacar NDOUR
