Boubacar Boris Diop sur Adji Sarr : « Je considère qu’elle est manipulée »
« Dans un système judiciaire normale cette affaire [Sweet Beauté] ne serait pas aller là avec le démenti du médecin et même le capitaine Oumar Touré », estime l’écrivain Boubacar Boris Diop, lauréat du 22e prix international Neustadt pour la littérature.
Le scénariste était l’invité du journaliste Pape Alioune Sarr dans l’émission « Belles lignes » sur ITV.
Celui qui a mené une riche carrière journalistique de la fin des années 1970 au début des années 1990 pense qu’« autour de cette jeune femme [Adji Sarr], il y a tout un dispositif politique qui a fonctionné pendant un certain temps, mais elle est prise en charge par l’Etat ».
Depuis quelques années, celui qui s’est lancé dans la revalorisation des langues nationales africaines en publiant des romans en wolof comme (Doomi Golo et Bàmmeelu Kocc Barma trouve que le régime doit laisser toutes ces personnes qui ont monté cette histoire et qui s’est terminé en eau de boudin.
« Il y a le rapport de la Cour des comptes qui n’intéresse apparemment pas la justice. Ce qui m’intéresse le plus dans cette situation, c’est moins Adji Sarr, moins Ousmane Sonko moins même Macky Sall, que le fait que, un citoyen du nom de François Mancabou ait été torturé à mort. Le fait que deux autres gendarmes aient juste disparus.
« Je crois que des douze ans que Macky Sall aura passé au pouvoir, ces trois questions là, elles ont la même importance que l’assassinat de Oumar Blondin Diop ».
L’auteur de l’essai politique L’Afrique au-delà du miroir estime que
si des actes pareils se produisent et surtout s’il continue à se produire oui on pourra parler de dictature et il serait normal après son règne au pouvoir qu’il rendre compte.
Du point de vue politique l’auteur pense que Ousmane Sonko a atteint un niveau de popularité jamais égalé dans toute l’histoire du Sénégal.
« Je suis assez âgé, j’en ai assez vu. J’ai vu Abdoulaye Wade, Abdoulaye Ly, ils étaient extrêmement populaires mais, là, cette adhésion quasi irrationnelle, il n’a même pas besoin de décliner un programme politique. On en a fait un martyr» a-t-il confié.
Et pour l’auteur, ceci est le résultat d’une concentration de l’espace politique autour du leader de Pastef. « On a fait en sorte que toute la situation politique tourne autour d’une seule et même personne à un point tel que le président de la république est obligé d’orchestrer une promenade en ville pour bien montrer qu’il n’en a pas perdu le contrôle ».
Une situation que Boubacar Boris Diop juge « pathétique ». Selon lui, « Un président obligé de montrer qu’il n’est pas impopulaire, si ce n’est pas le début de l’impopularité, ça lui ressemble ».
