Tiens, en parlant de Révolution pourquoi pas une « Révolution Religieuse »?
D’entrée de jeu, de peur de fâcher ou de me mettre à dos d’aucuns, j’exclus de mon champ de réflexion toute appréciation rattachée au paradigme interventionniste de la classe religieuse dans le carnage qui s’est défilé sous nos yeux depuis quelques semaines. Le débat est ailleurs, celui de la considération de cette frange dans les affaires de la cité. !!
Le Sénégal est un pays particulier. De mémoire de sénégalais, les flammes de crise sont toujours et en toute circonstance, éteintes par les eaux pompistes des religieux, la bombe de tension sociale toujours désamorcée par ces derniers.
Dans les autres contrées, ce rôle appartient soit à l’Etat soit à l’Etat, avec un frêle pouvoir religieux mis en congé ou inexistant même parfois à la merci d’un pouvoir temporel qui verse dans l’arbitraire à tout-va enfantant une anarchie, une situation sens dessus dessous, une crise irréversible. L’on n’était pas loin de ce sort au Sénégal.
A son apex, ils sont timoniers, font partie des timoniers, de la libération du Sénégal dès 1958 (hum du moins administrative) et ont constitué un poncif de construction d’une Nation jusque-là prévalant.
Ils sont toujours écoutés. Face à une obstruction de la Puissance publique dans son rôle régalien de rétablir l’ordre, ils font le trait d’union de toutes les parties protagonistes ou distillent des conseils avisés.
Cheikh Ahmadou Bamba l’a tenté avec Lat Dior. A l’échelle internationale, Baye Niass, une carte d’intégration africaine non jouée par le Sénégal malheureusement, l’a été pour kwameh kurumah qui l’appelait affectueusement « Papa ». L’on se souvient des discours magistraux aux relents d’engagement politique de Mame Abdou Aziz Dabakh et de Serigne Cheikh Tidiane Al Makhtoum face au joug de Senghor et de Abdou Diouf dans cette mouvance. Je ferme cette parenthèse par les interventions toutes fraîches de Abbé Jacques Seck et de Mame Makhtar Gueye, Cheikh Mahi Niass, Serigne Mountaha, Serigne Abdou Mbacké Darou Moukhty, Serigne Habib Sy Dabakh qui ont épuisé toutes leurs forces pour mettre le holà à cette tuerie.
Dans l’historique prophétique, on connaît tous
-l’épisode Youssouf (a.s) alors prisonnier, a donné la formule pour sauver le roi de la famine et de la sécheresse.
-L’histoire de Moussa (a.s) qui a délivré tout un peuple des griffes du pharaon,
du prophète Mouhammad (sws) placé en tête des personnalités ayant exercées plus d’influence en ce monde par Michael H. HART, un non musulman. Ce n’est pas la dimension religieuse qui essentialise ce choix mais surtout sa dimension politique à instaurer la Justice, la Paix, une bonne organisation politico-administrative partout où le destin prophétique l’a appelé.
A mon grand regret, hélas, je constate, concernant le pouvoir religieux Sénégalais, pour reprendre mon frère Mouhamed Abasse Diop « qu’ils s’inscrivent toujours dans la logique de finalité de paix, mais jamais dans le processus de paix ». Je souscris à cette réflexion très cocasse mais assez révélatrice.
Le Religieux ne se retrouve pas dans cette forme de République conçue à l’arrière cour de la croisade contre Dieu, où chapelet à la main, ils sont réduits aux prêches dans les spirales de leurs chapelles, les parangons étatiques s’agenouillant devant eux seulement dans le dessein de durcir leur carapace politique.
Le moment est alors venu pour eux, quand la gestion humaine semble atteindre les plafonds de ses limites de mission régalienne,
Quand la société est en perdition et la crise des valeurs qui atteint son paroxysme chez la jeunesse,
Quand il y a rupture du contrat social,
quand la Puissance Publique enlise la populace dans des niaiseries,
d’investir les instances de décision, au noeud de l’action étatique pour donner corps à notre destinée. Cela débute par les joutes électorales prochaines (locales, législatives) avant d’imposer leurs plateformes revendicatives aux prochains candidats présidentiels et faire la police sur sa gestion et le respect de ses engagements.
Ousmane Sonko semble entendre ce cri de coeur en greffant dans son programme une volonté d’institutionnalisation de la Religion. Début de solution ? On verra.
« Dieu » doit reprendre ce qui lui est dû de droit dans un pays où 99% de sa population nourrissent la foi. Cette laïcité malvenue contre-balance nos valeurs socio religieuses. Elle constitue une rupture avec notre propre histoire encore non je valorisée. Cette laïcité, l’on se doit de l’interroger, de l’évaluer dans ses aspects les plus infimes.
Abdou THIOUNE, juriste
