CHRONIQUE : Touba et opacité du paysage politique, une lecture préliminaire

« Si vous souhaitez reconstruire la société, vous devez d’abord la détruire, puis assembler les pièces comme vous le souhaitez. »

Je n’ai jamais vu une situation politique aussi complexe et tendue que celle à Touba et la façon dont elle gère les crises nationales. Il y a différentes opinions sur la question, certains critiquent son existence même en tant que projet réformiste, ne reconnaissant pas ses avantages, et ne cherchant que ses défauts pour renforcer leur propre point de vue idéologique ou politique sur la conception de l’État. D’autres la voient comme un projet distinct, mais l’erreur et le préjugé parfois présents dans les actions humaines rendent cette question délicate pour moi. Il faut analyser la situation telle qu’elle est et respecter les normes et comportements en gardant beaucoup de choses confidentielles non par amour pour Muawiya ou par haine pour Ali, mais par devoir de réserve envers ceux qui ont accès à ces informations.

Personnellement, bien que je soutienne les manifestations, je ne les approuve pas à Touba en raison du comportement de certains de ses jeunes qui ne comprennent pas les limites et peuvent parfois se livrer à des actes violents sans en comprendre les raisons. Il est donc important de les éloigner de la ville lors des manifestations. De plus, il est probable que votre ennemi politique exploite ces manifestations à des fins politiques. Le désarmement d’hier et sa déclaration sont des développements dangereux qui pourraient semer la discorde et la rancune. La guerre commence par les mots, et chacun a la clé pour l’allumer mais personne n’a la clé pour l’éteindre. Toute force armée dans le monde nécessite une organisation pyramidale et une régulation précise pour éviter les effets secondaires. Cependant, cela ne justifie pas les comportements étrangers qui violent les valeurs, que ce soit pendant les manifestations ou autrement. Nous devons agir fermement pour les éviter car nous ne pouvons pas permettre que notre terre, fondée sur la piété et l’agrément divin, devienne un terrain de débauche ou une porte de l’enfer. La responsabilité collective exige à chacun de faire preuve de calme. Bien que la foule puisse être tyrannique, cela ne justifie pas les insultes envers les proches et les amis, ni les querelles évitables. Il faut se retenir de participer aux disputes et rejeter les rumeurs, car nous vivons à une époque où les fausses informations sont répandues.

L’exploitation des conflits pour renforcer ses propres intérêts ou dénigrer autrui est un acte ignoble et immoral. Nous devons nous unir pour faire face à ce danger qui guette notre pays. Ouvrir de nouvelles querelles et exploiter la situation pour résoudre des conflits préexistants ne fera que disperser nos efforts et ternir cette noble lutte menée par notre nation. Et sur ce, je conclus.

Elhadji Moustapha Mbacké,
Chercheur en doctorat, professeur à l’Université Cheikhoul Khadim de Touba