Le Sénégal encore à la croisée des chemins, la jeunesse face à son destin ! ( Par Bassirou Mbaye, juriste)
A voir certaines réactions, les 40 ans que le PS a fait au pouvoir étonnent moins. Quelle jeunesse avions-nous à l’époque ? Instruite sans doute, probablement très consciente et qui a mené, avec ou sans succès, les combats de son temps avec les moyens à disposition (pas d’internet ni de réseaux sociaux avec principalement la chaîne nationale comme sources d’information).
On ne peut pas passer sous silence le mérite de ceux-là qui se sont battus pour l’indépendance puis pour l’alternance 40 ans après. Ils devaient peut-être avoir plus de crédit qu’il n’y paraît au regard de tous les obstacles qui diluaient les informations, faisaient passer les resistances légitimes pour une insurrection, enjolivaient le visage terne de l’état des libertés au Sénégal et faisaient passer les adversaires politiques pour de vulgaires comploteurs qui fomentent sans succès des coups d’Etat.
Peu importe qu’ils aient passé à côté de Mamadou Dia et de Cheikh Anta Diop. Ils auront fait leur devoir comme cette nouvelle génération est entrain de faire le sien malgré toute la rigueur de la répression illégitime qu’elle suscite , farouchement et même parfois beaucoup trop diront certains .
Qu’est-ce qui a réellement changé pour que ces gens qui ont couru derrière les caravanes animées de Wade, ceux qui ont hurlé de fierté en écoutant Valdiodio aient décidé de laisser, à dessein ou sans le vouloir, la jeunesse seule face à son destin ?
Les acquisitions suspectes de biens ayant introduit le délit d’enrichissement illicite dans le code pénal ne sont-elles plus là ? Les « gaur gaur lu » désœuvrés d’alors n’ont-ils pas plus de soucis avec une descendance laissée à elle même avec un sort identique au leur ou bien pire ? Qu’est-ce qui a changé pour que se battre contre l’injustice devienne plus un crime aux yeux de certains que les scandales d’Etat désormais quotidiens ?
En réalité rien n’a changé, c’est toujours le même système qui dicte sa loi. Celui qui nous a présenté des héros comme des parias et dépeint des renégats comme de grands hommes qu’on qualifie parfois naïvement « d’hommes d’Etat ». Comme si nous étions destinés à n’aimer que nos oppresseurs, à n’être enchantés que par nos bourreaux: Faidherbe avait toujours une statue à Saint-Louis lorsque Cheikh Anta Diop fût interdit d’enseigner au sein de l’université qui portera son nom.
En 60 ans d’indépendance, rien ne s’est mu si ce n’est pour s’empirer. On a vécu plusieurs décennies où le mot « espoir » n’était qu’un lointain mirage. Un mot qui avait souvent cédé place au « regret ». Celui de ne pas avoir pu se battre suffisamment pour imposer les meilleurs hommes à la tête du pays. Les hommages au Sénégal ne sont qu’à titre posthume, on attend que l’occasion passe pour imaginer les scénarios dans lesquels « un tel aurait construit de meilleurs hôpitaux, un tel aurait mieux repartit nos richesses, un tel nous aurait jamais vendu une gestion sobre et vertueuse pour nous livrer une gestion clanique et nébuleuse « .
Pourtant, l’espoir existe toujours incarné par un homme, un discours qui résonne beaucoup mieux aux oreilles des jeunes. Les choses sont entrain de changer sans que certains n’en soient conscients. À force de vouloir éteindre toutes les lueurs, ces hommes du système ont fini par provoquer l’irradiation d’un phénomène qui concentre toute l’attention d’une jeunesse qui ne vit que par l’espoir d’un destin nouveau . C’est comme si le Seigneur nous donnait une nouvelle chance, celle de rattraper tous ces silences complices, ces occasions ratées de nous débarrasser d’une mafia qui étrangle un pays désormais divisé en trois groupes manifestement distincts : ceux qui sont prêts pour un nouveau départ, ceux qui sont prêts à tuer tout un peuple pour défendre leurs intérêts égoïstes et ceux qui, pour une raison ou pour une autre , les laisseront faire.
Par Bassirou Mbaye JURISTE.
