Interview | Louis François Mendy un athlète qui compte retrouver son aplomb dans les années à venir
Il faisait partie des athlètes qui ont représenté le Sénégal aux jeux olympiques d’été de Tokyo 2020. Louis François Mendy, né le 2 mars 1999 est un hurdleur sénégalais.
Il obtient la médaille d’argent du 110 mètres haies aux Championnats d’Afrique juniors d’athlétisme 2017 à Tlemcen.
Il est médaillé de bronze du 110 mètres haies aux Jeux africains de 2019 à Rabat.
Entretien exclusif avec avec un athlète pleine d’hardiesse.
1) Pouvez-vous faire une petite presentation de votre personne pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Louis François Mendy :
Je m’appelle Louis François Mendy, athlète international sénegalais. J’ai commencé à pratique l’athlétisme fin 2008 avec coach Adama Badji. J’ai été detecté lors d’un tournoi de quartier. J’ai fait toutes les catégories (Benjamin,minimes, cadets jusqu’aux seniors). Je suis originaire de Yeumbeul même si je passais plus de temps à Grand Yoff.
2) Vous faites partie des athlètes qui ont representé le Senégal lors ces Jeux Olympiques de Tokyo. Quel sentiment vous anime en cette fin de compétition ?
Effectivement je fais partie de ceux qui ont représenté le Sénegal au Japon. La compétition a été vraiment agréable. J’y ai appris beaucoup de choses et gagné beaucoup expérience. Il y a un autre travail à entamer car comme on a l’habitude de le dire: le haut niveau c’est vraiment pas des plaisanteries. C’est du sérieux. Bien que j’aie des aptitudes au niveau mondial, il me reste encore beaucoup à faire.
3) Vous avez été éliminé au premier tour avec un temps de 13 secondes 84. Qu’est ce qui vous a manqué à votre avis pour franchir le cap nécessaire ?
Oui, j’ai été eliminé au premier tour car j’ai commis une faute au niveau de la première haie. Ça ne pardonne pas car le fait de toucher la haie te bloque et te fait perdre beaucoup de secondes. En plus j’avais des soucis dus à un manque de préparation. En effet, j’étais bloqué à Dakar à cause d’un problème de visa. De ce fait, je n’ai pas pu voyager et faire les meetings nécessaires. J’ai reçu le visa trop tard et il ne restait que trois compétitions en France. Impossible d’être en jambes pour participer à ces rendez-vous. J’étais dans une bonne forme à Dakar mais le temps perdu ici m’a été fatal.
4) Dans quelles conditions avez-vous préparé ces J-O ?
J’ai effectué toute ma préparation à Dakar. La plupart du temps, je me prépare ici avec mon coach au centre AADC dirigé par Amadou Dia Ba. J’étais dans une très grande forme qui m’aurait permis de passer le premier tour des JO sans problème. Mais après, le « break » que j’ai connu ainsi que les soucis liés au visa, je n’étais plus en jambe et je manquais de compétition sans parler du stress entre autres. Tout le travail que j’avais abattu a volé en éclats. Je suis même tombé malade sur cette période. C’était vraiment compliqué. Une fois arrivé en France, j’ai repris les entraînements, mais il n’y avait pas assez de compétition pour que je puisse retrouver mon niveau et affronter mes adversaires dans des conditions optimales. Les grandes compétitions comme les JO nécessitent beaucoup d’entraînements. Il faut faire plusieurs meetings afin d’être en jambes ».
5) Monsieur Mbaye Jacques Diop, conseiller en communication du ministre des Sports a récemment déclaré à Media Actu lors d’une émission que l’Etat sénégalais à versé aux différents athlètes la somme de 3000 € par mois pendant 2 ans. Cet apport, était-il suffisant pour vous permettre de faire une préparation des plus optimales ?
Je ne saurais démentir ces propos, mais me concernant, je ne recevais pas la somme de 3000€/mois. Je recevais 1000€/mois pendant 6 mois. Je n’ai pas pu avoir très tôt la bourse olympique. Je ne l’ai eue que cette année. C’est pourquoi je ne recevais que la somme de 1000€/mois pour me préparer à Dakar. Peut-être que ces 3000€/mois ont été reçus par les autres athlètes, mais de mon côté non.
6) Depuis Amadou Dia Ba aux JO de 1988, le Sénégal n’a pas réussi à décrocher une médaille aux Jeux olympiques. Quels sont les obstacles à franchir afin de parvenir à en remporter de nouveau ?
Ce qui explique selon moi le mérite et la chance de mon idole Amadou Dia Ba en 1988, c’est son suivi. Il a débuté ici. Ensuite, il s’est rendu en France puis aux États-Unis avant de remporter une médaille olympique.
Il y a ce qu’on appelle le Ranking africain et le Ranking mondial. Il a été plusieurs fois champion d’Afrique, médaillé aux championnats du monde. Ce n’est pas facile de gagner une médaille olympique. Il faut dominer ton continent d’abord avant de passer à l’échelon supérieur qui est le niveau mondial.
À partir de ce moment, tu peux espérer le top 20 ou le top 10 mondial. Pour réussir avec les ténors, il te faut des moyens.
La différence entre nous athlètes sénégalais et les autres athlètes qui excellent dans le haut niveau, c’est l’encadrement et le suivi.
L’argent ne suffit pas pour glaner une médaille olympique.
7) Du haut de vos 22 ans, vous faites aujourd’hui partie de ceux qui incarnent l’avenir de l’Athlétisme sénégalais et africain. Quels sont vos objectifs pour les prochaines échéances continentales et internationales ?
Bien que j’aie 22 ans actuellement, je fais partie de partie de ceux qui sont au sommet de l’athlétisme africain actuellement. Mon objectif a toujours été le même. Si on me donne les moyens et me met dans les conditions nécessaires, je pourrai remporter des médailles. Je travaille dur pour y parvenir. Il suffit juste de me mettre dans de très bonnes conditions. J’insiste là-dessus, car c’est ce qui peut nous permettre d’être performants à l’international. Il y a les championnats d’Afrique l’année prochaine, les championnats du monde entre autres. Inchallah, je veux remporter l’or, dominer le continent africain avant de m’attaquer au reste. Je souhaite ramener la deuxième médaille olympique au Sénégal si Dieu le veut.
8) Avez-vous des conseils à prodiguer aux jeunes sénégalais qui veulent faire carrière dans l’athlétisme ?
Le conseil que j’ai pour les jeunes ainsi que mes ainés qui sont dans le milieu de l’athlétisme, c’est de continuer à travailler. C’est difficile car parfois, le soutien fait défaut. Mais il faut persévérer et ne pas baisser les bras. Ceux qui font des études, qu’il ne les négligent point c’est plus sûr. Le maître-mot reste le travail. Savoir ce qu’on veut, où on veut aller aident à atteindre ses objectifs.
Personnellement, j’ai abandonné beaucoup de choses pour me focaliser sur le sport. Que Dieu nous bénisse.
